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Que de changements !
Nous changeons le mode de gouvernance de la paroisse puisque celle-ci est confiée à l’équipe d’animation pastorale et à Agnès, coordinatrice paroissiale. Nous changeons de prêtre puisque je quitte Corbas. Ce sera le père Jean-Marie Jouham qui célèbrera les samedis et dimanches et accompagnera notre communauté dans sa vie sacramentelle. Nous changeons nos habitudes de vie, du fait de la COVID… Même le climat est en train de changer… Il y a aussi des changements que nous attendions à la suite du confinement et qui ne semblent pas venir.
Paradoxalement, ces semaines ont été un temps d’innovation et de relation. L’imagination a pris le pas sur la régularité et le rythme stressant de nos journées. Les échanges ont souvent été plus intimes et plus profonds. Beaucoup en ont pris conscience et ne veulent pas perdre ces biens précieux, même si, pour cela, ils doivent renoncer à une part de leur bien-être matériel.
Où en sommes-nous en ce début d’année ? Nos conversations laissent percevoir de nombreuses émotions. Les uns sont toujours dans l’attente ou la déception car les événements ne correspondent pas à ce qu’ils souhaitaient. D’autres éprouvent de la colère devant la rapidité des décisions qui sont prises et qui manquent parfois d’humanité. Beaucoup d’anciens vivent dans la peur de la maladie ou de l’inconnu et se sentent perdus. D’autres encore cherchent un chemin d’espérance…
Je souhaite que nous puissions nous libérer de nos incertitudes avec le soutien de la communauté et le moteur de la foi. Nous goûterons ainsi la joie de vivre et la communiquerons à nos familles, à nos quartiers.. Tous en ont besoin et l’Esprit du Seigneur nous accompagnera sur ce chemin.
Paul Vuillermoz
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SAVOIR PRENDRE DU RECUL
Nous traversons une période difficile certes, mais ce n’est pas pour autant qu’il nous faut subir et nous laisser aller à la morosité.
Cela fait maintenant six mois que les média nous diffusent des situations catastrophiques avec force chiffres à l’appui… Chacun sait que l’on peut faire dire beaucoup de choses aux chiffres. Au début de l’épidémie la France ne testait pas ?.. Alors que la plus part des pays testaient à tout va ; nous n’avions pas choisi cette option… Comment dans ces conditions savoir si les personnes qui décédaient, mouraient bien du virus ? Il y a bien d’autres causes de maladies qui font mourir : le tabagisme, le cancer, les suicides, les accidents et malgré tout le vieillissement. Nous sommes des êtres mortels, c’est indiscutable, mais c’est peut-être une chance !
Notre finitude : une chance ?
Un écrivain, M. François CHENG, d’origine chinoise ayant choisi la nationalité française, nous a fait, dans une émission à la télévision, la démonstration du positif de notre finitude. Il nous faut vivre comme si nous allions mourir demain. Si nous étions immortels, quelle serait la raison qui nous pousserait à agir aujourd’hui ? Nous repousserions toujours. Pourquoi voir cet ami aujourd’hui puisque j’ai le temps ? Pourquoi inventer, créer ? A quoi cela nous servira-t-il ? Demain, toujours demain et à force de toujours repousser, nous n’agirions pas…
Nous entrons dans l’automne et la nature ne s’y trompe pas. Les arbres se parent de couleurs chaudes et la palette du peintre n’en finit pas de trouver de nouvelles nuances allant du vert beige en passant par des jaunes éclatants pour atteindre les bruns chauds cuivrés et les roux. Dans les prés qui pourtant ont très soif, les colchiques et cyclamens sont au rendez-vous que l’automne leur donne comme chaque année.
Alors, écartons les mauvaises nouvelles, n’oublions pas que si nous avons mauvais moral, nous aurons de moins bonnes défenses immunitaires.
Allons profiter de cette belle nature ; les champignons, les châtaignes nous attendent dans les bois !
Merci Seigneur !!!
Martine
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NOUS VIVONS UNE SITUATION PARTICULIERE
Nous nous sentons privés de liberté : cinéma, restaurant, activités de loisir ou de bénévolat. Comment recevoir ses amis ? Ses enfants et ses petits-enfants ? Nous avons besoin de contacts physiques de toucher, d’embrasser les personnes qui nous sont proches.
Privés d’amour. Durant le confinement, de nombreuses personnes âgées se sont retrouvées « coupées » de leurs proches, même si elles ne manquaient de rien matériellement. Psychologiquement, elles ont souffert de manques d’affection et s’en ressentent encore aujourd’hui.
La peur. Prenons garde à ne pas céder à la peur ; elle peut entraîner des comportements dangereux et d’autant plus lorsqu’il y a des « obligations » à respecter. Chacun alors veut imposer sa loi et nous savons bien où cela conduit.
Durant « l’Occupation », combien de personnes de confession juive ont-elles été dénoncées ?.. Par peur… Mais il y a eu aussi et heureusement « les Justes », ceux qui, malgré le climat d’insécurité dans lequel ils vivaient, n’ont pas cédé à la peur et ont écouté leur cœur et par empathie ont sauvé leurs frères…
Dans la période que nous vivons, comme il y a « obligation » de porter un masque, nous aurons bien sûr les « pour » et les « contre », d’autant plus qu’au début de l’épidémie il nous a été dit le contraire de ce qui nous est imposé maintenant.
Alors agissons en chrétien, faisons preuve de bon sens et de tolérance. Cette personne ne porte pas de masque que m’importe, moi je l’ai. Cette personne ne respecte pas la distanciation : je recule ou je détourne la tête. Vivons en bonne entente, ne laissons pas la discorde s’installer ; nous n’aurons peut-être rien fait de très grand aujourd’hui, mais au moins nous aurons évité les querelles et peut-être plus…
Faire confiance. La vie elle-même n’est-elle pas faite de risques ? Je pense particulièrement aux personnes les plus exposées : les marins, les soldats, les mineurs, les guides de haute montagne, les astronautes… Combien d’épouses, d’enfants, de parents ont vécu et vivent encore dans l’angoisse du retour ou du non-retour de l’être aimé ?
Ces personnes ne sont pas plus exceptionnelles que nous, mais elles ont appris, je pense, à faire confiance.
Réapprenons à faire confiance à la Vie et sourions-lui, c’est bon pour la santé !
Demandons à Dieu dans nos prières de nous y aider.
Martine
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ACCEPTER
En ces temps où nous perdons un peu nos repères, je voudrais partager avec vous cette pensée de Etty HILLSUM.
Esther, dite Etty, est une jeune femme juive et une mystique connue pour avoir pendant la Seconde Guerre mondiale tenu son journal intime et écrit des lettres depuis le camp de transit de Westerbork. Dans son journal, elle évoque son évolution spirituelle qui, à travers la lecture, l’écriture et la prière, la rapproche du christianisme jusqu’au don absolu de soi, tout en gardant son indéfectible amour de la vie et sa foi inébranlable en l’humain, alors même qu’elle le voit journellement accomplir des crimes parmi les plus odieux.
Elle meurt en 1943 à l’âge de 29 ans au camp de concentration d’Auschwitz.
« Les gens ne veulent pas l’admettre: un moment vient où l’on ne peut plus « agir », il faut se contenter d’être » et d’accepter. Et cette acceptation, je la cultive depuis bien longtemps…
On me dit parfois: » Oui, mais tu vois toujours le bon côté des choses. » Quelle platitude! Tout est parfaitement bon. Et en même temps parfaitement mauvais. Les deux faces des choses s’équilibrent, partout et toujours. Je n’ai jamais eu l’impression de devoir me forcer à en voir le bon côté, tout est parfaitement bon, tel quel. Toute situation, si déplorable soit-elle, est un absolu et réunit en soi le bon et le mauvais »
Et :
« Il faut éliminer quotidiennement comme des puces, les mille petits soucis que nous inspirent les jours à venir et qui rongent nos meilleures forces créatrices… On prend mentalement toute une série de mesures pour les jours suivants, et rien du tout n’arrive comme prévu. »
Etty HILLSUM
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ESPERER ?
Où pouvons-nous trouver un peu d’espérance. Je pense à deux passages de l’Evangile qui se ressemblent : la tempête apaisée (St Marc 4,35-41) et la marche de Jésus sur les eaux (St Marc 6,46-52). Ces deux passages se situent sur le lac de Tibériade. Jésus est pressé par la foule et risque d’être étouffé, peut-être même manipulé… Il semble réagir assez précipitamment et propose à ses disciples de quitter les lieux et d’aller sur l’autre rive.
Cette envie d’en finir, cette foule étouffante me font penser aux média : ils nous livrent une abondance de nouvelles qui ne concordent pas toujours et sèment, parfois, le trouble dans nos pensées. Comment, dans ses conditions, pouvons-nous rester libres ?
L’Évangile nous invite à prendre de la distance. Avant la marche sur les eaux, Jésus prend le temps de prier dans la nuit et, sur la barque, lors de la tempête, il s’endort. Le sommeil est aussi un temps de recueillement. Prendre de la distance et se retrouver dans son corps, dans son histoire, dans ses pensées…. ne peuvent que nous faire du bien et nous rappeler que nous ne sommes pas seuls.
Jésus est embarqué avec ses amis. Et il marche sur l’eau pour rejoindre ses apôtres. Il se fait proche d’eux. Notre espérance s’appuie sur cette proximité, celle d’un Dieu aimant qui vient sans cesse à notre rencontre, qui nous soutient sur la route. Il est sûrement encore plus près : dans notre cœur, dans les idées qui nous traversent, dans les décisions que nous prenons, dans nos désirs d’une humanité plus belle…
La tempête est là mais ne doit pas nous effrayer.
« N’aie pas peur ! » Ce sont les mots que nous entendons. Nous ne pouvons pas éviter les tempêtes mais nous pouvons garder notre sérénité, notre confiance en relisant la Parole de Dieu et en regardant ceux qui croient, ceux qui ne se laissent pas troubler par les événements, ceux qui restent fidèles à leurs valeurs dans l’adversité… Parole de Dieu et paroles d’humanité signifient la présence de Jésus à nos côtés.
« Ne craignez pas ! » est effectivement une affirmation de foi. Celle-ci est un don divin, mais chacun le reçoit, à sa façon, chacun en vit, qu’il soit baptisé ou non. Le partage de ‘notre peu de foi’ est nécessaire pour traverser ensemble les tempêtes de la vie.
Croire ne serait-ce pas oser se jeter à l’eau, accepter l’inattendu, fouler l’inconnu, non pas à cause d’un raisonnement, ou d’une stratégie bien pensée mais, plus simplement, à cause d’une parole entendue, un amour, une envie de vivre qui nous tiennent à cœur… Nous nous laissons saisir par la beauté de la Création, et l’énergie qui anime l’univers.
Paul Vuillermoz